vendredi 20 août 2010

Etat des lieux



























Je n’ai rien dans les poches
Rien pour acheter les pages d’un livret de compte
Où on peut mettre zéro à la place de mes avoirs.
En gras.
Ma bourse pèse de son vide
Et le devoir s’assassine aux pieds
De ma prétendue mauvaise fois.
Que peut-on donner quand on n’a rien ?
Quand on n’a même pas le vocabulaire convainquant
Pour décrire le rien qu’on n’a
Même  pas.   
L’absence de joie à l’horizon.
Face à une nuit interminable d’enfoiré.
Rien !
Ce rien me pèse comme cent tonnes
De malchance
Dans ma vie. L’enfoiré.
Cent tonnes de merdes
Qui trainent dans ma viande poivrée de poisse
Sur le barbecue de l’angoisse.
Je n’ai pas soif. Je meurs de soif.
L’étouffement descend en cascade
Sur le handicap de gène
Qui caractérise mon incapacité. 


Wakeu Fogaing

mardi 10 août 2010

Sur la table ce soir

Sur la table ce soir y aura rien ma chérie
J’ai tournée dans la ville en chantant haut et fort
Personne n’a ouvert  au chant son coeur d’amour.
Dans le ventre ce soir nous n’y mettrons rien
Mes chansons que t’adores ne plaisent bien qu’à toi
Et notre amour n’achète ni le pain ni le vin.
Dans notre lit cette nuit je chanterai pour toi
Une chanson trompe la faim qui berce la misère.
Si demain est  meilleur nous irons loin chanter
Là où mon chant s’entend dans la ballade du vent.
Sur une table fournie nous serons invités.
Dors ma belle, dors demain sera meilleur. 
Christine

Il est venu un soir alors que moi je ne joue jamais. Il est venu me sortir de la maison pour me dire de jouer. Depuis que je suis mariée je ne joue pas. Je pensais avant que le mariage est un jeu. Non c’est un travail domestique. On se marie pour faire le ménage, la cuisine et le lit. J’ai appris à comprendre que le mariage est un travail domestique pas un jeu. Tous les soirs mon mari est au bar. Après le travail il passe son temps au bar en face d’une bière à raconter sa journée aux ivrognes. Et moi dans sa maison, je fais le ménage. Je ne joue pas avec mon ménage. Je jouais avec lui quand on était fiancés. Aujourd’hui c’est différent. Je regarde la télé. Ce n’est qu’à la télé qu’on voit des hommes qui causent  et jouent avec leurs femmes. C’est pour ça que je regarde la télé. Dans l’espoir que mon mari vienne me voir un jour comme les hommes qui sont dans les séries. Avant la tombée de la nuit. Voilà ma prière. Jouer avec moi. Me porter et me chanter un poème bien écrit. Mon mari est venu me voir avant la nuit pour me dire de lui donner six chiffres. Comme un jeu. Je lui ai dit que je n’avais pas six chiffres. Il a dit de lui donner au hasard six chiffres. Rien que six chiffres. Pour un jeu. Pas mon genre de jeu. Pendant sa sieste au bureau il a fait un rêve. Il a rêvé pendant sa sieste qu’il avait gagné le quinté avec les six chiffres que je lui ai donnés de ma main. N’importe quoi ! Je ne savais pas que mon mari dormait au bureau. Il a dormi au bureau jusqu’à rêver. Pour son jeu.
Quelle idée de croire à un rêve de sieste. Je n’ai jamais cru à cette idée de quinté. Le quinté obsède mon mari. Croire que les chevaux peuvent faire gagner de l’argent c’est une connerie. Et pourtant mon mari est venu me voir. Il m’a causé de son rêve comme les hommes qu’on voit à la télé. Il m’a tout expliqué pour que je comprenne. Je ne comprenais rien. Je le regardais se tuer à vouloir me convaincre. Pour la première fois je voyais mon mari déterminé. Pour le jeu. Sans que le soleil ne se couche. Pour la première fois depuis que je suis chez lui. Sans que le soleil ne se couche. Il voulait six chiffres. Pour le jeu. Rien que six chiffres pour aller valider son quinté. Pour les six chiffres, il est rentré chez lui avant la tombée de la nuit interrompre mon travail domestique. J’ai pris négligemment un papier et j’ai écrit dans le hasard de l’ordre la volonté de mon mari. Je n’ai pas mis de la volonté je vous jure. Juste le 13, le 4, le 11, le 6, le 7 et le 3. Six chiffres que j’ai donnés au hasard. Et le gars à gagné dans l’ordre. Il a validé mon hasard. Je ne comprends pas comment les gens peuvent faire gagner dans l’ordre, des chiffres donnés au hasard. Sans calcul.  J’ai donné à cet homme un ordre involontaire. Avec pression. Sa pression m’a fait choisir les chiffres de son bonheur. Il m’a convaincu.
Et il est parti. Quand les chevaux lui ont permis de toucher 27 millions, il s’est installé avec une autre femme. Loin de moi. Loin de la personne qui lui a donné au hasard avec amour l’ordre de l’ingratitude. J’ai commencé par le 13. Le 13 c’est le jour de la naissance de ma mère. Le 4 c’est le mien, le 11 c’est le jour de mon mariage, le 6 le jour de la naissance de mon premier fils, le 7 l’anniversaire de mon deuxième et le 3 c’est le jour de la naissance de ma fille chérie. Mes enfants ne le voient plus. A cause des chiffres que j’ai donnés. Ses enfants me demandent sans cesse où il est. Il est au pmu. Il vit son quinté dans les bras de la découverte. J’ai donné à mon mari ces chiffres que je n’oublie jamais. Au hasard. Sans préméditation. Et il m’a quittée pour une autre. Pour celle qu’il aime dans l’opulence. J’ai bradé les jours de naissance de mes enfants, de ma mère pour la rupture. Et Dieu a vu et m’a laissé faire.  Au plus profond de moi, j’ai sorti mes chiffres porte-bonheurs. Dans l’ordre. Pour mon malheur. Il n’est plus revenu. Est-ce qu’il va revenir ? Il ne va plus revenir. L’homme ne revient pas. Je ne crois pas qu’il revienne après un an déjà. Un an qu’il est sorti pour aller au pmu. A moins qu’il rêve encore des chiffres que je peux donner. S’il rêve il va revenir. L’homme revient s’il y voit de l’intérêt. Si dans ses siestes au bureau, il me voit en train de lui donner dans ma souffrance l’ordre d’un quinté gagnant, il va revenir. Avant le coucher du soleil. Avant la fin de la validation surtout.
S’il revient un jour pour d’autres chiffres, je vous jure que je lui donne n’importe quoi et dans le désordre. 

mardi 3 août 2010

toujours pour elle


Je suis venu te voir dans l’espace de ton rêve
Pour que tu touches ma peine
Et j’ai cherché dans le village perché
Les branches solides
Pour assoir mon soulagement.
Ton visage drapé à la protection du froid
Courait dans le sommeil
Comme un enfant
Au soleil de la joie.
Je suis venu la nuit
La nuit
Toute la nuit pour te voir
Et sourire avec toi
Pendant que les vertus
Du sommeil étanchait la soif
De ta fatigue du jour.
Je t’ai regardé dormir
Et plus jamais je ne me sentirai seul.