lundi 30 avril 2012

jeudi théâtre à Douala


Wakeu Fogaing n’a pas encore fini de dire pourquoi il parle. Est-ce que les gens l’entendent ? Que non ! Mais il n’arrêtera pas de parler sans avoir fini ce qu’il a à dire. Il y a des gens qui mangent et ne font que ça. Il y a des gens qui boivent et ne font que ça. Il y a des gens qui se taisent et se suicident dans le silence qui étouffe. Wakeu Fogaing parle et refuse de mourir avec des mots à sortir dans son ventre.
Texte et mise en scène : Wakeu Fogaing
DATE: 03 mai à 19H . Lieu : Foyer de Jeunesses Akwa.
Prix : 1000F cfa

jeudi 26 avril 2012

Martyres et révoltées


Martyres et révoltées

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Théâtre. “Confession de femmes”, la pièce écrite par Wakeu Fogaing a été jouée par la compagnie Koz’art vendredi dernier à l’Institut français de Yaoundé.
 
Ce que femme veut, Dieu le veut-il vraiment ? La morale tirée du quotidien des femmes mises en perspective dans la pièce «Confessions de femmes», vendredi dernier à l’Institut français de Yaoundé, est un revers à cette maxime populaire. 
La  vie des héroïnes de Wakeu Fogaing est une permanente complainte, un interminable sanglot, un ultime signal de détresse et un incandescent volcan en passe d’entrer en fusion.
 
Le texte est un kaléidoscope de dix historiettes de bonnes femmes. Célibataires ou mariées, elles ont en commun le fardeau du joug de leur Jules, l’être désiré, époux ou simple amant. Loin de se résigner, ou de vivre stoïquement leur douloureuse condition, elles ont décidé de rompre le silence, de crier leur colère et de porter haut la torchère de la contestation contre l’establishment phallocrate. Un certain ordre des choses les a confinées à leur étroitesse de mère désabusée, d’épouse délaissée, de femme au foyer transformée en domestique à tout faire, de servante docile devenue outil sexuel, d’objet de désir bon pour assouvir les instincts bestiaux de mâles en rut. Avec une froideur langagière qui heurte parfois la pudeur,  les femmes de Wakeu Fogaing confessent leurs sentiments égarés dans les dédales de turpitudes conjugales ou des liaisons homériques et éphémères. Sans aucune retenue, elles parlent de leur quotidien rugueux aux cotés de l’époux volage ou du simple amant de petite vertu. Dans une sortie désespérée, elles n’hésitent parfois pas de prendre leur revanche, malgré elles.
 
Rencontre
«Confessions de femmes» est le fruit d’une rencontre fortuite, un jour de fête internationale de la Femme, entre le dramaturge Wakeu Fogaing et une veuve, qui a assassiné d’un coup de pilon un époux qui n’avait plus d’intérêt que pour le poste de téléviseur du foyer. Son histoire pathétique a inspiré l’auteur, qui s’est résolu à s’entretenir avec une cinquantaine d’autres femmes qui se sont disposées à raconter chacune leur mésaventure singulière. Mise en scène par Eric Delphin, «Confessions de femmes», jouée avec une certaine maestria par trois comédiennes déchaînées, est un véritable hymne à l’amour, un plaidoyer impitoyable en faveur de la famille, une violente diatribe contre les stéréotypes de la supériorité masculine. 
 
Jacques Bessala Manga

mardi 24 avril 2012

Confession de Femmes ; article de Stéphanie Dongmo



Ecrite par Wakeu Fogaing et mise en scène par Eric Delphin Kwegoue, la pièce « Confessions de femmes » a été représentée le 20 avril à l'Institut français de Yaoundé. Elle raconte avec engagement le vécu de femmes victimes des agissements des hommes.
Tamara Tchientcheu, Beky Beh, Corine Josiane Kameni. Elles sont trois sur la scène et incarnent, à elles seules, toutes les souffrances, les humiliations, la solitude affective et sexuelle des femmes. Ce soir, elles ont décidé de tout déballer. Les nuisettes qu'elles portent témoignent de leur volonté de creuser même dans l'intimité. Car, elles veulent parler, dire au monde leur malheur de femmes victimes : objets sexuels, délaissées, méprisées. Elles crient leur douleur au monde et vomissent leurs tripes, pour se libérer d'une peine longtemps contenue et en guérir.
Ce sont des histoires qu'on entend tous les jours, mais auxquelles ont ne prête plus attention, à force. En cause, un homme, toujours. Prédateur, assurément. Un homme qui quitte une femme pour sa cousine ou pour sa mère ; un homme qui ne regarde plus sa femme et la confond aux meubles de la maison ; un homme qui abandonne sa famille pour l'aventure ; un homme qui touche les fesses d'une femme dans la foule... Ils sont ingrats, désinvoltes, irresponsables, violents, lâches... Ce qui se résume à ce cri : « les hommes sont méchants ! »
Wakeu Fogaing a écrit « Confessions de femmes » à partir des témoignages de 25 femmes pour lesquelles il prend fait et cause. Les comédiennes, pénétrées par leurs rôles, ont donné la pleine mesure de cet engagement sur une scénographie assez dépouillée de Fleury Ngamaleu. La mise en scène d'Eric Delphin Kwegoue s'est faite proche du public pour mieux susciter la remise en question. Kwegoue a admirablement transposé l'œuvre de Wakeu à son univers fait de délire. Un traumatisme qui pousse les comédiennes à se jeter sur leurs genoux, à entrer en transe pour exorciser les misères féminines. La vidéo qui montre une femme battue, un viol et le témoignage vivant d'une victime qui a tué son bourreau, vient ajouter au drame de la pièce. La religion, refuge inespérée, vient délivrer les femmes. Mais est-ce suffisant pour les guérir de leurs blessures ?
La pièce a volontairement choisi de prendre le parti des femmes contre les hommes. Mais derrière chaque malheur de femme qu'elle raconte, se cache, bien souvent... une autre femme. Ce travail mérite de connaître une suite, qui pourrait être intitulé « Confessions d'hommes ». En attendant, la pièce produite par l'association Koz'art (créée en 2006 à Douala) sera représentée le 10 mai à 19h30 au Foyer jeunesse protestant à Akwa, à Douala.