mardi 13 juillet 2010

Confessions de femmes

Texte 3

Germaine

J’ai le droit de parler. Ça ne va pas dans le corps de mon mari. Je vous jure que ça ne va pas. C’est difficile à dire. La honte. Comment dire aux gens que je suis à bout de force ? Comment ? Une femme en proie à un homme n’est pas toujours écoutée. Ecoutez-moi je vous en prie.
Quand il entre à la maison je suis finie. Totalement finie. Il me regarde et ne voit que moi. J’ai beau lui dire que je suis privée il n’écoute que son envie. Il bondit sur moi et je le sens au centre de mes entrailles. Infatigable. Mon mari ce n’est pas un homme. Une machine sexuelle. Voilà ce qu’il est. Mon mari se charge du désir sur moi. Infatigable. Je peux me tordre de fatigue, crier de fatigue, pleurer de son plaisir qui ne finit pas. Il s’en fout.
L’autre jour il me dit : le rôle d’une femme c’est baiser ! Ouvrir ses jambes, son corps ; tout son corps pour son mari et se taire. Un blanc ne dit pas ça. Moi non, je ne me tais plus. Je refuse de me taire quand j’ai mal. Sans le travail qu’il fait, il ferait l’amour tout le temps. Le dimanche il ne veut pas me quitter. Toute la journée. Toute la nuit aussi. Le lundi je suis finie. Tous les lundis je suis finie. Le weekend c’est la totale. Je n’ai plus honte de dire.
Quand il est arrivé ici, il m’a dit qu’il était français. Un vrai français. Je me suis donnée à cet homme qui me disait être français. Un français ne fait pas comme lui. Un français caresse avec douceur. Touche avec délicatesse. Celui-ci non. Il fonce comme un taureau. Toutes les autres femmes qui ont un français de mari ne se plaignent pas. Moi je me plains. Un blanc n’est pas toujours français. Le mien est né à Plougastel. Un douze mai. J’ai vu ses papiers. Il est né à plougastel. En Bretagne. Il est breton. Né en Bretagne. On ne peut pas être breton et dire qu’on est français même si on naît à Paris. Les bretons sont infatigables. Quand il finit de faire l’amour, il baise. Il n’a même plus besoin de mon consentement. Il baise tout seul. Il viole le corps qu’il tient pour objet de son insatiabilité. Je me tors sur lui sous lui. Il est ivre et n’écoute que son désir de breton. Un breton fait l’amour comme six français. De tous les blancs qui viennent ici, je suis allée tomber sur un breton. Par amour de la peau. De sa peau. Il me tient par les cheveux. Me suce jusqu’à la lie de son extase. Après il récupère très vite. De ma vie de femme je vous jure de toute ma vie de femme je n’ai jamais vu un homme récupérer aussi vite qu’un breton. Un Breton né en Bretagne. A plougastel.  Par nuit il ne dort que cinq minutes. Cinq que je mets à profit pour éteindre son feu sexuel. En vain. Un breton n’est pas un amoureux. C’est un obsédé. Il voulait m’amener chez lui j’ai refusé. Si sous la chaleur il est si chaud, sous le froid il ne va pas arrêter de se chauffer. Je ne suis pas un four de chauffage quand même. Je veux bien aller chez les français pas chez les breton. Pas avec un breton. 

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